Ecole Nationale des Finances Publiques

Lyon (69001)

2000-2004

A l’extrémité ouest du boulevard de la Croix Rousse qui reprend la trace des remparts de la ville, le Fort Saint-Jean domine Lyon et la Saône. L’année 2023 marque les 20 ans de sa réhabilitation pour accueillir l’école nationale des Finances publiques. Le temps passe, la végétation prospère d’année en année, les façades se sont patinées et pourtant, une atmosphère intemporelle règne dans son enceinte. Un beau témoin des engagements que nous portons dans nos projets : s’appuyer sur la valeur du temps long et entrer en résonance avec un un lieu et l’histoire qu’il raconte, pour mieux en prolonger les usages.

Données du projet
Adresse

21 montée de la Butte
69001 Lyon

Maîtrise d'ouvrage

Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie

Images

Reportage « la réhabilitation du Fort, 20 ans après » : Kévin Dolmaire
Studio Erick Saillet

Programme

Réhabilitation et reconversion du Fort Saint Jean comprenant : salles de cours, administration, bibliothèque, amphithéâtre de 450 places et un restaurant pour y installer l’École des Contrôleurs du Trésor Public

Equipe

Architecture : Vurpas Architectes (Pierre Vurpas & Associés)
Économie,VRD : E2CA
Paysage : IN SITU
Structure : EEG – SIMECSOL
Fluides : STREMSDOERFER
Acoustique : EAI
Cuisiniste : RL Consultant

Contexte et distinctions

Nomination à l’Equerre d’Argent 2004
Prix AMO 2004
Prix de l’architecture urbaine de la Ville de Lyon 2006
2ème prix de l’European Garden Award 2019-2020

Architecture bastionnée

A la Renaissance, l’apparition du boulet métallique et l’émergence d’un pouvoir royal fort entraîne le renouveau des systèmes de défense qui sera conduit par les ingénieurs du roi à partir de 1450. Les hautes fortifications à tours saillantes sont remplacées par un dispositif de masses de terre destinées à absorber l’impact du boulet, contenues dans des maçonneries au tracé étudié formant bastion et courtine.

L’enceinte de la Croix Rousse fait partie des premières expériences en la matière, inspirée semble-t-il des fortifications de campagnes réalisées par Antonio Di San Gallo le Jeune et importées en France lors des campagnes d’Italie. Les fortifications de Lyon sont décidées en 1512 par édit royal. L’enceinte de la Croix-Rousse comptait 9 bastions très aplatis caractéristiques du XVIe siècle, dit à orillons, qui seront complétés par 7 demi-lunes vers 1636, date à laquelle est également réalisé un tunnel dans le rocher bordant la Saône, baptisé porte d’Halincourt. En 1746, les aménagements du Quai de Serin et de la caserne du même nom, imposent la suppression de cette porte et des bâtiments adjacents ainsi que le dérasement du rocher. Vers 1840-43, Le Général Fleury entreprend une grande campagne d’agrandissement mais en 1848, les remparts sont dévastés par les Voraces. A partir de 1850, les restaurations se succèdent jusqu’au déclassement par décision impériale des remparts pour la création du boulevard de la Croix Rousse. Ces travaux ne laisseront que 2 bastions témoins : celui de St Jean côté Saône, et celui de St Laurent, côté Rhône.

 

« L’impressionnant empilement de volumes, qui s’étage sur plus de 40 mètres au-dessus de la Saône, s’accroche au rocher et fait corps avec lui. Le temps et les intempéries ont patiné la pierre de calcaire des murailles, lui donnant la même teinte que celle du schiste qui les soutient. L’impression de force et de dureté qui s’en dégage est compensée par l’expression de grande élégance que créent les volumes, le rythme des percements et l’appareillage des maçonneries. »

Les défenses de Lyon - François Dallemagne - Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire

Puissance du site, respect des équilibres, évidence du fonctionnement

Vigie au-dessus de la cité et de la Saône, l’étranglement des fortifications, à flanc de rocher, est couronné par le fort Saint Jean. C’est sur ce site que le Ministère des Finances choisit d’implanter l’Ecole Nationale des Contrôleurs du Trésor au début des années 2000. Lieu de formation, l’école accueille aujourd’hui des stagiaires provenant de toute la France pour une durée de 6 mois, ou parfois de 15 jours. Elle peut aussi, dans son amphithéâtre, accueillir des séminaires ou des manifestations internes au Ministère, ou plus publiques. Elle se devait d’être un lieu accueillant, convivial, calme, moderne et ouvert sur la ville.

Puissance du site, respect des équilibres, évidence du fonctionnement nous ont naturellement conduit au parti architectural.

Les bâtiments sont conservés. Ils revivent autour de l’ancienne place d’armes. Soulevée, elle dégage une faille horizontale, qui abrite l’accueil et les liaisons (1). Creusée, elle dégage une seconde faille où se glisse le restaurant (2).
L’équilibre des pleins et des vides, à l’intérieur des remparts, caractéristique du Fort, est maintenu. Sa silhouette, ancrée dans le paysage de la ville, reste inchangée.

Sous l'ancienne place d'arme se glisse le restaurant ouvert sur le grand paysage
Plan des rez de chausée
Traverses de chêne du chemin de ronde

« Emmarchement modelé sous le passage des pas, main courante polie par la préhension de la main…Les matériaux naturels disent leur âge et leur histoire, parfois leur origine ou leur utilisation.

Explorer les qualités plastique et tactile de la matière, c’est laisser la patine de l’usage ajouter aux matériaux de construction l’expérience enrichissante du temps. »

Matière et mémoire - Extrait du livret de la soirée du 1er octobre 2015 - Vurpas Architectes
Promenade du chemin de ronde

Reconstituer le chemin de ronde, son paysagement et rétablir des vues continues sur la ville, dont on perçoit le bruissement

L’initiation au lieu se poursuit en parcourant le chemin de ronde. Il commence par une coursive, emprunte une rampe à canons, gravit un escalier au-dessus d’un mâchicoulis, traverse le talus de tir et le plateau sportif installés sur le bastion, le jardin de la bibliothèque avec sa grande treille qui court sur la structure d’une passerelle en acier brut, les terrasses suspendues, offrant de spectaculaires vues plongeantes sur la Saône par les meurtrières, ou panoramiques au-dessus des remparts. Au bout d’une longue rampe dirigée vers la Saône, il conduit enfin à la terrasse du restaurant.

 

« C’est un projet sur mesure qui révèle surtout la qualité d’un lieu oublié et qui met en scène les vues sur un paysage urbain exceptionnel depuis ce belvédère perché. Ce fort a pu être transformé en école, les chemins de ronde en promenade et la place d’armes en jardin méditerranéen: c’est un paysage recyclé »

In Situ Paysage