Musée Despiau-Wlérick

Mont-de-Marsan (40)

2021 - en cours

Lors de notre première visite, nous avons découvert des sculptures aux figures et aux corps calmes, un beau site taillé dans une pierre coquillière jaune qui s’est lentement stratifié comme la végétation abondante qui plonge ses racines dans le Midou en contrebas. Imprégnés de la sérénité des lieux, nous avons imaginé, aux côtés de Designers Unit pour la muséographie et Itinéraire Bis pour le paysage, un projet composé d’une strate légère faite de bois local qui complète deux strates anciennes, celles de la pierre coquillière et des enduits, pour étendre un parcours muséal au pied du Donjon Lacataye réhabilité et autour du jardin conservé. Les études sont en cours pour réaliser ce projet, qui permettra de faire découvrir, ou redécouvrir, les collections et la richesse d’un site qui le mérite.

Données du projet
Adresse

6 Pl. Marguerite de Navarre,
40000 Mont-de-Marsan

Maîtrise d'ouvrage

Ville de Mont-de-Marsan

Images

Perspectives : Pierre Descubes

Programme

Réhabilitation et agrandissement des espaces d’exposition, réaménagement des galeries et du parcours muséal du Musée de sculpture Despiau-Wlérick

Equipe

Architecture, Économie, QEB : Vurpas Architectes
Scénographie muséale : Designers Unit
Paysage : Itinéraire Bis
Structure, Fluides : AIA Ingénierie
Acoustique : Génie Acoustique

Contexte et distinctions

Inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques

Le Musée Despiau Wlérick est né d’une rencontre heureuse entre une belle collection de sculptures figuratives de la première moitié du XXème siècle et un patrimoine bâti protégé autour du donjon Lacataye, au coeur du centre historique de Mont-de-Marsan. Son nom rend hommage à deux « enfants du pays », artistes sculpteurs, Charles Despiau, et Robert Wlérick, tous deux figures de proue d’un courant de sculpteurs indépendants, rassemblés autour de la « bande à Schnegg ». Le musée, inauguré en 1968, fut jusqu’à aujourd’hui, réorganisé par des interventions ponctuelles et indépendantes, au détriment d’une cohérence globale du site qui doit être ravivée.
Le caractère patrimonial du lieu est évident mais son histoire se révèle bien plus complexe qu’elle ne le paraît avec de nombreuses « fausses pistes ». De prime abord, le site plonge naturellement le visiteur dans un imaginaire défensif. La dénomination même des espaces qui le composent nous amène vers cette projection : le donjon Lacataye de l’espagnol « castar », signifiant observer, surveiller, le chemin de ronde, les remparts … Pourtant, ses usages militaires ne sont pas clairement établis. Le donjon est en réalité un rassemblement d’anciennes maisons romanes sans vocation protectrice. Il en va de même pour le bâtiment Chapelle qui n’en est pas une, malgré la rosace d’une de ses façades… Des ambivalences dont nous n’avons pas cherché à nous détacher, mais sur lesquelles nous avons aimé joué pour concevoir les espaces et réfléchir aux matérialités du projet.

« Et si vos pas vous conduisent en ce lieu, ne soyez pas pressés. Pas à pas, le regard de chacun fera naître une histoire.

La vôtre. »

Martine Chenais, Parce que la lumière...

Le plaisir de la déambulation

Depuis la passerelle qui franchit le Midou, le site se découvre intense et harmonieux. Les murs massifs et les bâtisses anciennes taillées dans la pierre coquillière, accompagnés d’une végétation qui vient se loger spontanément partout où cela est possible, composent un ensemble harmonieux et hors du temps. C’est un plaisir de déambuler au gré des sculptures, des ambiances plurielles offertes par le lieu. Regarder les statues et leurs figures calmes, les approcher, admirer un port de tête, une main, leur matière, se laisser imprégner de la sérénité qu’elles inspirent… Ces figures, immobiles et impassibles, qu’elles soient bâties ou sculptées, partagent une lente beauté qui ne s’use pas. Le lieu et les œuvres s’accordent à l’unisson pour offrir une douce parenthèse à ceux et celles qui le visitent. Une harmonie palpable qui nous anime et nous guide à chaque étape de conception, pour préserver cette magie et les équilibres en place.

Le projet s’appuie d’abord sur une rénovation attentive et respectueuse de ce beau patrimoine, de ses matières mais aussi des ses équilibres. Pas question de « surélever » ou « d’adosser ». Les volumes des bâtisses en place qui émergent ne sont pas remis en cause dans le projet que nous avons imaginé. Le rempart reste lisible comme un socle qui donne l’échelle du site. Le donjon reste la figure centrale qui accueille toujours une partie de l’exposition permanente. Le bâtiment Dubalen est conforté dans son échelle domestique en logeant l’équipe de l’administration. La chapelle occupe une place particulière et si son statut actuel d’entrée du musée est remis en cause, elle reste le lien central du projet, une grande porte d’entrée vers le site « haut » des expositions autour du jardin Saint-Vincent depuis le site « bas » de l’accueil des publics.
La disposition mise en place avec l’extension de la fin des années 70 par notre confrère J.P. Latappy avec deux ailes autour d’un jardin offre une ouverture face à la ville, une générosité qui en font une entrée évidente et naturellement attractive pour les visiteurs. Le jardin d’entrée ombragé est désormais habité par l’accueil et par les ateliers pédagogiques, installés dans les 2 ailes existantes rénovées et corrigées de leurs défauts de confort et d’usages.

Par contraste à la massivité du donjon, à ses murs épais, lourds et peu percés, la galerie se définit comme une construction contemporaine délicate et légère, offrant un lien permanent avec le site, le paysage et sa lumière naturelle. Dans l’imaginaire d’un atelier d’artiste dans le jardin, la galerie neuve est construite d’une belle charpente en pin des Landes qui rythme la visite, les vues selon les besoins scénographiques et les nécessités de protection solaire. Le bois entre en résonance avec les deux précédentes strates historiques plus minérales de la pierre et de l’enduit. Protégé par du goudron naturel de pin, c’est un matériaux local, intemporel et durable. L’espace offert à la scénographie et aux sculptures est libre de points porteurs et de contraintes. Le public peut librement poursuivre son parcours vers le jardin des sculptures ou entamer la visite d’une exposition temporaire avant de rejoindre par une galerie couverte la chapelle puis la boutique à l’accueil.

Grâce aux maquettes et prototypes, nous matérialisons nos explorations pour trouver la réponse juste aux ambitions du projet.