La Passerelle

Trévoux (01)

2009-2014

Un galet taillé comme un diamant, un parvis minéral qui s’étire pour guider les passants vers l’entrée, une façade de verre changeante comme le ciel et dorée comme le cuivre, les mots du dictionnaire ancien gravés sur le vitrage, illuminé par des rideaux de métal tissés, «La Passerelle», espace culturel de Trévoux, s’insère contre l’hôpital comme un morceau de puzzle manquant, faisant coïncider parfaitement histoire et architecture contemporaine. Le programme s’inspire de son riche patrimoine littéraire et architectural pour créer un lieu de pédagogie, de culture et de partage qui rassemble une école de musique, une médiathèque, un CIAP, une apothicairerie, une salle d’exposition et une salle polyvalente équipée pour être un cinéma. Dans une confrontation radicale mais douce, le projet révèle aux yeux de tous, l’histoire de cette commune des bords de Saône.

Données du projet
Adresse

14 rue de l’Hôpital
01606 TREVOUX

Maîtrise d'ouvrage

Communauté de communes Dombes Saône Vallée

Images et textes

Photos – Studio Erick Saillet, Louis Houdus, Sophie Mallebranche
Textes – Anne Rolland

Textes

Anne Rolland

Programme

Création du pôle culturel « La Passerelle » dans l’ancien hôpital Montpensier, avec la construction d’une médiathèque, d’un cinéma, d’une école de musique et d’un centre d’interprétation de l’architecture et du patrimoine (CIAP).

Equipe

Architecture, Economie : Vurpas Architectes (Pierre Vurpas & Associés)
Structure : TECBAT
Fluides : AUBERGER FAVRE
Acoustique : GAMBA
Muséographie, Scénographie : Yves Kneusé
Signalétique : Atelier Vogue

Distinctions

Prix CAUE Valeurs d’Exemples 2019, catégorie « Construction publique et lieu de travail » et « Prix du public »

Jouer d'une discrète évidence

Le contact permanent entre patrimoine et modernité se fait sans heurts et dégage une ambiance calme et sereine. Nous avons fait le choix d’une «ligne claire», qui privilégie des formes simples, des matériaux peu nombreux mais choisis avec harmonie, conçus pour se patiner plutôt que vieillir. Transparence, clarté et finesse sont les caractéristiques d’un projet qui réussit à faire rimer mémoire, contexte et création.
Nous nous sommes imprégnés et inspirés de tout ce qui fait le site et le patrimoine de Trévoux : la tonalité générale de la ville ancienne minérale et unitaire, le « doré » des tranches des livres anciens, la monnaie, le fil métallique précieux, les bois de noyer de l’apothicairerie, la qualité du graphisme du dictionnaire et cette lumière particulière, amplifiée par les reflets sur la Saône.
La réponse, comme un écho, se fait par le choix des matériaux comme enduits, pierres, sol de béton teinté, galets, choisis dans les tonalités « sable ». Tout est rehaussé par l’accroche de la lumière sur les parties dorées et le jeu des reflets qui se créent. Sur le même principe, l’ensemble du mobilier est choisi dans des teintes du jaune au cuivré.

L’opaque, la transparence, les reflets

Entre opaque et transparente, lisse et rugueuse, épaisse et mince, la matière des façades est travaillée avec précision pour former différentes peaux qui décrivent le projet. Dans une symbolique entre passé et avenir un équilibre est trouvé entre « tout vitré » et «tout opaque». Aucun mimétisme patrimonial n’est recherché, l’écriture choisie est simple, dessinée en finesse.
Du côté de la transparence, les façades de verre, lumineuses et évanescentes, sont la marque de fabrique du projet. Face à face, ce sont celles de la médiathèque et du Pavillon des Arts. Plein sud, la double paroi bénéficie des apports solaires tout en jouant le rôle de filtre thermique et de galerie technique. Plein nord, le simple vitrage joue simultanément l’effet d’écho et de miroir. Des mots du Dictionnaire de Trévoux sont sérigraphiés, animent la façade en maintenant les vues sur la rivière. Au rez-de-chaussée, ils ont été choisis par une commission, dans les étages supérieurs, ils sont sélectionnés pour leur effet graphique.
Au sud, des rideaux tissés de fils métalliques cuivrés et émaillés rappellent les scintillements de la rivière et la tranche des livres précieux. Suspendus et guidés sur rails, ils peuvent coulisser. Ils sont le fruit d’un travail de recherche mené avec la créatrice Sophie Mallebranche, spécialiste du tissage du métal. Des mailles irrégulières produisent un effet changeant suivant les heures du jour et les saisons.