La ville de Charly abrite un domaine enchanteur, refuge d’un patrimoine exceptionnel : le domaine Melchior Philibert. Cette propriété établie depuis le XVIIème autour d’une maison des champs, s’est progressivement enrichie de plusieurs bâtiments au cœur d’un magnifique parc arboré qui s’ouvre en belvédère sur la vallée du Rhône. En résonance avec l’histoire agricole du site, le Centre de Ressources de Botanique Appliquée, consacré à la recherche et la conservation de plantes anciennes, développe depuis quelques années ses activités au sein du domaine. Cet organisme de recherche travaille sur la réinsertion de plantes, fruits et légumes anciens. Les usages du CRBA permettent de renouer avec l’histoire agricole du domaine Melchior Philibert, où nombreuses étaient les cultures à l’origine de créations variétales dans la région lyonnaise, au XIXème siècle.
Sur le domaine, la ferme Melchior, laboratoire à ciel ouvert du CRBA, reprend l’implantation des cultures d’époque et accueille les expérimentations sur des variétés d’origine locale mais également mondiale conservées par le CRBA. Pour exemple, l’été dernier, ce sont plus de 60 variétés de tomates qui ont été cultivées sur les terres de la Ferme, afin d’en étudier les adaptations au climat actuel.
Il manquait au CRBA une interface permettant d’accueillir et de sensibiliser les publics à leurs activités, leurs ressources, et plus largement à l’histoire du domaine.
La serre et l’orangerie, stratégiquement implantés à l’une des entrées du clos de l’Haye constituaient un bâti idéal pour ce type d’usage.

La serre et l’orangerie sont deux témoins de l’activité horticole débutée à la fin du XIXème siècle sur ce site enchanteur. Le domaine Melchior Philibert appartenait à cette période à la famille Perrachon, qui fit connaitre au site un nouvel âge d’or en développant notamment la culture d’agrumes. C’est à cette occasion que l’orangerie fut construite, alliant avec finesse la brique, le verre et le fer à T. Aux allures d’un atelier d’artiste, elle permettait notamment le stockage de caisses d’agrumes, et fut complétée par la suite d’une petite serre accolée à fers plats, dédiée à la production des boutures.
Les années passant, les intempéries et l’absence d’entretien avaient malheureusement engendrés d’important dégâts structurels sur l’ensemble, rendant peu lisible ce patrimoine et ses qualités.
L’ambition portée au travers de leur restauration était de raviver le dialogue entre l’orangerie, la serre et le parc ouvert. La restauration respecte l’authenticité du bâtiment, architectes, ingénieurs et entreprises locales ont œuvré pour restituer la serre et l’orangerie dans leur état originel, au plus près des procédés constructifs du XIXème, époque de leur édification.
Dans la continuité de cette démarche, pour préserver également l’authenticité de la matière, tous les matériaux présents sur place, dans la mesure du possible, ont été conservés. Déconstruire et reconstruire avec fut le crédo suivi à toutes les étapes du chantier.
La réutilisation de sa fonction première permet d’ancrer de nouveau cette architecture dans son site et d’offrir une transparence entre les visiteurs du domaine et les activités du CRBA.
Cette opération incarne la première étape vers la revalorisation globale du domaine et de ses cheminements historiques, promesse d’un patrimoine ravivé au service de la ville et de ses habitants.