Palais de Justice

Lons-Le-Saunier (39)

2011-2017

A Lons-le-Saunier, l’ancienne École Normale de filles, bâtiment solennel ayant tous les attributs architecturaux de l’école de la Troisième République, accueille le nouveau palais de justice. Le site dit « Anne Franck », regroupe une partie des sept juridictions de l’arrondissement de Lons-le-Saunier. Le tribunal de grande instance reste au cœur du centre historique de la ville. Une mutation douce a été réalisée dans l’édifice pour rester au plus près de son passé tout en imaginant un palais de justice contemporain. Sans maniérisme ni effets stylistiques, l’utilisation maximale et rationnelle des espaces milite pour une spatialité claire et lisible, confortée par des ambiances intérieures sobres et nobles.

Données du projet
Adresse

Rue Georges Trouillot
39000 Lons-le-Saunier

Maîtrise d'ouvrage
Agence Publique pour l’Immobilier de la Justice (APIJ)
Images

Photos état des lieux – Jean-Albert Gonnard
Photos projet réalisé – Kévin Dolmaire
Textes – Anne Rolland

Programme

Réhabilitation de l’ancienne École Normale de filles en Palais de Justice accueillant le Tribunal d’instance, le Tribunal de commerce et le conseil des Prud’hommes

Equipe

Architecture, Économie : Vurpas Architectes
Structure, Fluides, Exploitation maintenance : AIA ingénierie
QEB : EODD
Acoustique : EAI
Signalétique : Atelier Vogue

Dossier de presse
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Distinctions

Prix du concours Franchement Bois 2019 – Catégorie Aménagement Intérieur, mention Bâtiment historique

Une promotion de l'Ecole Normale de filles de Lons-le-Saunier

De l'enseignement à la justice, plus d'un siècle et demi d'histoire

Avant toute intervention sur le bâtiment, nous avons essayé de comprendre son histoire. L’école normale de filles a pris place en ces lieux en 1870 : construit par Pierre Paillot, l’édifice suit les principes des installations scolaires modernes et hygiénistes, issus d’un certain rationalisme et témoin de la République. Le plan s’organise en « U » de façon symétrique autour d’un corps central, avec une cour plantée sur la rue, fermée par des grilles, et un préau à l’arrière. Si sa façade, très composée et régulière, donnait l’impression qu’il n’avait connu aucune modification depuis le XIXe siècle, en revanche certains éléments de décors intérieurs nous ont questionnés. Nos recherches aux Archives départementales nous ont permis d’élucider ce mystère : cette ancienne école avait autrefois possédé une chapelle en double hauteur. Située à l’étage, sur toute l’emprise du corps central, elle avait été remplacée par des nouveaux locaux, par ajout d’un plancher au début du XXe. Les incendies qui l’ont frappé à deux reprises ont également participé à ces différentes restructurations profondes.
Il fut passionnant de constater qu’à partir d’une structure de façade pérenne, le bâtiment s’est sans cesse adapté à différents usages sur de nouveaux planchers. Naturellement, Nous avons donc cherché à inscrire notre travail dans la continuité de cette histoire, en choisissant un procédé constructif de plancher qualitatif, contemporain et capable de qualifier les lieux. Les planchers endommagés ont donc été déposés et remplacés par de nouveaux planchers utilisant la technique mixte du Système Bois Béton, avec des poutres en lamellé-collé de bois de châtaignier. En plus de retrouver des plafonds de qualité, ils participent à créer une ambiance apaisée et présentent des avantages techniques, mécaniques, acoustiques, de poids et de résistance au feu.

Une restauration soignée pour un tribunal contemporain

Nous avons cherché des solutions pour que l’organisation des espaces respecte, bien sûr, le programme, mais aussi la structure de l’édifice et son organisation constructive. Nous avons eu la chance que les plans d’origine – et notamment le rythme des fenêtres – se prêtent remarquablement bien à nos exigences. Cela nous a permis de proposer un agencement rationnel des espaces, par soucis de fonctionnalité, mais aussi de pérennité. Nous avons, par ailleurs, porté une attention spécifique à la mise en valeur des volumes, particulièrement généreux. Pour cela, nous avons travaillé les plafonds, qui laissent apparaître, à quatre mètres de haut au rez-de-chaussée et au premier étage, de larges poutres en bois de châtaignier connectées à une dalle de béton. Cela donne aux lieux une identité forte. Pour le reste, nous avons privilégié une intervention discrète, avec des matériaux de qualité et le recours à des peintures à la chaux dans des camaïeux de blancs cassés et de gris.
C’est un exercice de réinterprétation des codes classiques auquel nous nous sommes prêtés avec plaisir et intérêt : travail de menuiserie sur des plinthes hautes en bois, en périphérie du rez-de-chaussée et que l’on retrouve sur la table de justice, encadrements en bois des baies, insertion d’un bas-relief du profil de Marianne dans la salle d’audience, escalier tournant coulé en place avec une main courante débillardée sur site… Il en résulte des espaces lumineux, sensibles et confortables pour ceux qui y travaillent, doux et apaisés pour ceux qui y sont accueillis.

Espaces extérieurs, espaces essentiels

Depuis la rue Georges Trouillot, une fois franchi le portail restauré et solennel, une place jardin accueille le justiciable dans un climat calme et rassurant. Jardin clos de forme carrée, il magnifie trois magnolias séculaires qui le jalonnent. Un quatrième arbre vient terminer le puzzle de cette géométrie léchée. Pour absorber le dénivelé, deux parvis, séparés par quelques marches, rythment l’arrivée au palais. Ce cheminement donne le temps d’entrer en relation avec l’institution. Une transition nécessaire pour permettre au piéton justiciable de se mettre en condition et mieux appréhender ce temps délicat.

Les façades sont restaurées au plus près des façades d’origine. Au départ, nous avions imaginé appliqué un enduit, mais une lecture plus attentive sur site a révélé la valeur des pierres de taille et la composition de cette façade principale. Grace au savoir-faire de l’entreprise Hory-Marçais, les pierres nettoyées restent apparentes et les éléments de modénature, corniches, moulures, appuis, sont rénovés pour mieux être révélés. En parallèle, fenêtres et volets sont remplacés à l’identique par des éléments en bois blanc. Enfin, la toiture a fait l’objet d’une considérable rénovation avec la réfection des lucarnes (24), le remplacement des tuiles d’ardoises 25 300) et des chêneaux de zinc.