Maison Rouge

Saint-Jean-du-Gard (30)

2012–2017

Au coeur des Cévennes, à Saint-Jean-du-Gard, le Musée des Vallées Cévenoles prend place dans la Maison Rouge, ancienne filature en brique, restaurée et agrandie. Né de passions croisées, infatigables et obstinées, ce sanctuaire de la mémoire des Hommes garde l’ambition, parmi les 10 000 pièces présentées, d’être un musée vivant ouvert sur la réalité d’une culture locale d’hier mais aussi d’aujourd’hui et de demain. S’inspirant largement du territoire, du sol, de la terre, de l’histoire, de la nature, des arbres, du paysage construit, des hommes, l’agence offre une interprétation contemporaine de son architecture vernaculaire.

Données du projet
Adresse

Rue de l’industrie
30270 Saint Jean du Gard

Maîtrise d'ouvrage

ALES AGGLOMERATION

Images et textes

Photos projet réalisé – Kévin Dolmaire
Photos historiques – « Monde intérieur », Archive filature Maison Rouge
Textes – Anne Rolland

Programme

Réhabilitation et extension d’un ancien bâtiment industriel, la filature Maison Rouge, inscrite à l’inventaire des monuments historiques, pour le transfert du Musée des Vallées Cévenoles.

Equipe

Architecture, Economie : Vurpas Architectes
Architecte associé, OPC : Joel Tanguy
Paysage : Nathalie Lucas
Structure, Fluides, QEB, VRD : OTEIS
Scénographie muséale : Fakestorybird

Contexte et distinctions

Inscrit à l’inventaire des Monuments Historiques

Lauréat Rubans du patrimoine 2018
Prix du CAUE Paysage

Dossier de presse
Télécharger

Maison Rouge, une histoire industrielle

Maison Rouge, appelée aussi Grande Rouge est un bâtiment atypique par son architecture et hors norme dans le rôle qu’il a joué dans l’histoire de la filature industrielle de la soie. Construit entre 1836 et 1838, l’édifice intégrait une des plus grosses unités de production de la région. Première filature de France, elle sera la dernière à fermer ses portes, presque cent trente ans après, en 1965.
La brique lui donnera sa couleur, son nom et son identité. Témoin d’une activité industrielle locale, en plus d’une identité sociale et sociétale, elle restera à Saint‑Jean‑du‑Gard, le fleuron d’une présence unique. La filature Maison Rouge est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 2003.

S’installer dans les traces parcellaires

La réponse juste fut de se glisser dans l’histoire d’un pays et de sa culture, respectant pas à pas les traces du parcellaire. La grande rue, le Gardon et le canal d’irrigation du Péras sont parallèles. Au fil du temps, l’urbanisation s’est faîte par bandes étroites et perpendiculaires pour aller chercher l’eau du canal tout en se protégeant du Gardon. Ils forment ainsi des lanières entre la ville et la rivière. C’est sur ces traces que s’est appuyée l’organisation du projet, aussi bien pour ses parties construites que paysagères.

 

La première lanière est le bâtiment historique Maison Rouge. Tout contre, celle qui constituait la galerie Est est mise au jour. La suivante reste vide entre Maison Rouge et extension afin de créer cour et jardin pour le musée. L’extension se fait sur trois lanières, de largeurs et hauteurs différentes, en référence aux ”bancels”, les restanques cévenoles. Elles s’élargissent par endroits pour former des espaces extérieurs, des jardins thématiques, et apporter lumière et vues. Les murs se prolongent par le dessin au sol de lignes minérales sur lesquelles s’alignent les plantations de mûriers.

La réinterprétation contemporaine d’une architecture vernaculaire

L’architecture rurale est une source d’inspiration formidable et la matière première du paysage devient architectonique. Dans ce sens, les murs extérieurs de l’extension sont habillés de schiste, formant des volumes incisifs et sans fioritures. Construits sur la technique de pierre sèche avec mortier en retrait et renforts métalliques pour répondre à la réglementation sismique, ils sont mis en oeuvre par des artisans locaux spécialisés. La pierre provient d’une carrière de Lozère. Les façades Sud sont constituées d’une ossature bois et métal et de grands vitrages, cadres sur le paysage du jardin. C’est une fascine en bois de châtaignier qui joue le rôle de pare-soleil, en écho à « l’arbre à pain » du pays, très important dans les Cévennes. L’association des pierres de schiste et des rouleaux de châtaigniers forment une alliance à la fois très douce et très forte, complémentaire, dans les tons de la nature.

« Un musée qui se regarde, se lit, s’écoute et se sent ».

Musée vivant

Hommage au territoire et à son histoire, les collections racontent comment ces lieux et ses spécificités ont façonné « ces hommes qui ont lutté pour créer, entretenir, et défendre le pays cévenol ». Pour toucher tous les publics, le principe est d’ouvrir la lecture à tous les sens, c’est un musée qui se regarde, se lit, s’écoute, avec beaucoup d’enregistrements de conversations, symboles d’une transmission orale, et un musée qui se sent dans le jardin ethnobotanique, où l’on apprend les plantes utilisées par les anciens. Dans chaque salle, plusieurs échelles de lecture se superposent, comme les strates du paysage.