L’Usinerie

Chalon-sur-Saône (71100)

2018-2022

Immortalisé sur le tableau du peintre Etienne Raffort, en 1837, face à la Saône, l’ancien Moulin se tient toujours droit, dernier témoin de l’activité industrielle du site de la Sucrerie à Chalon-sur-Saône. Après avoir vécu ses nombreuses vies, il se réinvente une nouvelle fois au service de l’industrie 4.0, accueillant désormais un pôle d’innovation et de digitalisation spécialisé dans l’imagerie virtuelle, à destination du tissu d’entreprises locales. Réhabilité de façon douce et respectueuse, agrandi d’une extension simple et sobre, qui reste en retrait, l’édifice retrouve sa stature. A la fois ancré dans son histoire et résolument contemporain, la beauté des espaces et des éléments en place se révèle, juste avec évidence.

Données du projet
Adresse

44 quai Saint-Cosme
71100 CHALON SUR SAONE

Maitrise d'ouvrage

Le Grand Chalon

Images

Images historiques – peinture d’Etienne Raffort (1837)
Photos projet réalisé – Kévin Dolmaire
Textes – Anne Rolland, Vurpas Architectes

Programme

Réhabilitation et extension du Moulin de la Sucrerie Blanche, bâtiment inscrit au titre des Monuments Historiques, pour accueillir un espace événementiel, des locaux de formation et des plateaux techniques dédiés à la recherche

Equipe

Architecture, Economie, OPC : Vurpas Architectes
Structure : DPI Structure
Fluides : STREM
Acoustique : EAI
Signalétique : Atelier Vogue

Dossier de presse
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Contexte et distinctions

Inscription à l’inventaire des Monuments Historiques

Un bâtiment, un siècle et demi d’histoire industrielle

Pourtant construit en pleine révolution industrielle, l’architecture du Moulin se démarque en reprenant davantage les codes des bâtiments publics civils du 18ème siècle.

L’édifice, construit de pierre et de bois, garde une certaine monumentalité qui s’exprime par un avant-corps central avec fronton, une symétrie qui organise l’ensemble de la façade, un portail d’entrée dans l’axe, face à la Saône. Les activités y furent plurielles et le site a connu de nombreuses mutations. La minoterie jusqu’en 1843, puis brièvement la production d’huile de colza, avant d’accueillir l’industrie sucrière à partir de 1861. Ces évolutions se sont accompagnées de constructions successives autour du Moulin, pour abriter plus de machines encore. Après le rachat du site par la ville en 1997, tous les bâtiments seront progressivement démolis, à l’exception du Moulin, premier et dernier témoin de cette longue histoire.

Le Moulin, la permanence du site

Le site, bien souvent modifié par ses histoires plurielles, est réorganisé, tout en maintenant le Moulin emblématique au coeur du projet. Tandis que ce dernier accueille les espaces événementiels au rez-de-chaussée et les locaux d’enseignement en étages, les plateaux techniques trouvent place en arrière plan, dans une extension contemporaine. L’extension neuve se veut silencieuse, à sa place et en retrait de l’édifice patrimonial qu’elle veut révéler. Au nord, un grand volume est dédié au Blue Lemon, la grande salle d’immersion virtuelle. Au coeur du bâtiment, l’espace de la Tour, couronnée par une verrière et animée par un grand escalier, offre un espace entre l’ancien et le neuf, entre la lumière et l’ombre, un espace entre les choses propice aux rencontres. Enfin, un grand parvis rassembleur occupe l’ancienne cour centrale autour de laquelle les édifices se sont progressivement organisés. En plus de mettre en scène l’ancien Moulin entièrement réinventé, il crée un lien pacifique avec tous les bâtiments en présence. L’esprit d’un vide central qui structure est ainsi préservé.

Réemploi, restauration patrimoniale et projet contemporain

Les murs racontent le passé industriel du Moulin. Dans une logique d’efficacité, les structures existantes étaient facilement chahutées au gré des besoins. Tout cela a progressivement formé un bel ensemble de murs mixtes composés de mâchefer, de pierres, de briques, d’agglos, de métal, d’ouvertures comblées. La rénovation s’inspire de cette atmosphère et de cette esthétique. Elle s’inscrit dans une volonté d’interventions minimales en préservant tout ce qui est possible. Les traces du passé sont donc préservées, soignées, révélées. L’ensemble offre un tout très harmonieux.

Les entreprises se sont prises au jeu de la conservation, de la réparation, au risque de complexifier parfois leur intervention. Un inventaire précis de chaque pièce de bois a permis de conserver tout ce qui était possible et de répliquer les nouvelles pièces à remplacer. Pour toutes les reconstitutions des baies de façades, ce sont des pierres issues de déblais ou démolitions, qui ont été réutilisées au maximum. Toutes les corniches recréées proviennent de pierres des corniches détruites sur l’ancienne tour. L’escalier intérieur du Moulin qui relie deuxième et troisième étages est l’escalier d’origine, intégralement démonté, réparé et remis en place.

Toutes ces initiatives ont été mises au service du projet contemporain, afin de tourner les usages du Moulin vers l’avenir.

Diagnostic - Façade coupe Ouest